« Si vous venez pour la voiture, je l’ai garée au fond du Tibre. » Quand ils regardent leurs cours de Bourse, les actionnaires d’Aston Martin, le véhicule préféré de 007, se sentent une âme de « Q » au retour d’une mission de l’espion de Sa Majesté.
Le titre n’est plus que le spectre de lui-même, tombé mercredi à un plus bas historique après une chute d’un quart en deux séances, à moins de deux centièmes du prix d’introduction d’il y a deux ans et demi. La course déjà folle du constructeur britannique après son âge d’or s’est compliquée des acrobaties sanitaires qui lui ont fait perdre en un trimestre l’équivalent de 60 % de la perte avant impôt attendue pour l’exercice entier.
Son directeur général, Andy Palmer, compte toujours produire dès cet été ses premiers exemplaires de la DBX, un SUV qui doit lui permettre de recoller à la route. Mais il doit, pour cela, brader ses stocks existants avec des rabais d’un tiers sur les prix de vente moyens de l’an dernier. L’intrépide passion du milliardaire canadien Lawrence Stroll, et de quelques amis dont les Desmarais, a redonné l’envie à l’italien Andrea Bonomi et à ses financiers moyen-orientaux de refaire le plein de fonds propres, sans se préoccuper du trou dans le réservoir.
La capitalisation boursière (494 millions de livres) vaut moins que les 536 millions injectés en avril, avec une dilution du double de celle prévue en début d’année. Mourir attend toujours…